Cyclisme. UAE, Visma, Red Bull : la mainmise des cadors sur les courses par étapes World Tour avant la Vuelta

Aux abords des mines de Wieliczka le 10 août, Victor Langellotti (Ineos-Grenadiers) a un temps pensé être celui qui allait redonner du sel aux courses par étapes du World Tour. En tête du Tour de Pologne jusqu’au contre-la-montre de clôture, le Monégasque pouvait espérer mettre un terme à l’hégémonie des trois formations les plus riches du peloton (UAE Team Emirates, Visma-Lease a bike et Red Bull-BORA-hansgrohe), les seules à s’être imposées à ce niveau-là en 2025.
Mais un solide chrono de Brandon McNulty a finalement offert à l’équipe émiratie un 9e succès (en 12 courses) cette année. Le symbole de l’écrasante domination de ces mastodontes, qui devraient à nouveau se disputer la victoire lors du Tour d’Espagne dont le départ sera donné ce samedi à Turin (Italie). Car sur le papier, la Vuelta semble promise à Jonas Vingegaard (Visma). Et même en cas de mauvaise surprise pour le Danois, puisque tout est envisageable sur un Grand Tour, seuls deux noms sortent du lot : ceux de João Almeida et de Juan Ayuso, les deux co-leaders de l’équipe UAE.
Aujourd’hui, les grosses écuries du peloton accumulent les grands noms, au point de se présenter au départ des Grands Tours avec des solutions de secours de luxe : des équipiers capables de se muer en leaders en cas de problème. « Comme ces équipes ont beaucoup d’argent, elles achètent voire surpayent des coureurs, analyse Pieter Vanspeybrouck, directeur sportif d’Intermarché-Wanty. Et un coureur qui serait notre meilleur élément n’est qu’un simple équipier chez eux. »
À elles trois, UAE, Visma et Red Bull se partageraient 27 % du budget total des 18 équipes du World Tour, la palme revenant à l’équipe de Tadej Pogacar (60 millions d’euros). Des disparités éloquentes qui, selon Pieter Vanspeybrouck, ont aussi un impact « sur l’organisation des équipes ». « Certaines ont neuf soigneurs sur une course, quand nous en avons quatre. Eux finissent leur journée à 20 heures, nous c’est 22 heures », relève-t-il. Un gain marginal non négligeable à ce niveau-là.
Conséquence de tout cela, jamais depuis le début de l’ère World Tour (en 2010, NDLR), les courses par étapes n’avaient été aussi lisibles que ces derniers mois. Depuis la victoire de Tadej Pogacar sur le Tour d’Italie en mai 2024, un seul coureur a réussi à se défaire de la domination du trio : le Belge Leenert Van Eetvelt (Lotto Dstny), lauréat du Tour de Guangxi - l’épreuve la moins relevée du calendrier principal. Soit une seule victoire en 20 courses.
« Quand on prend le départ d’une course par étapes World Tour, maintenant on sait très bien que c’est compliqué d’aller chercher un top classement au général, juge Yvonnick Bolgiani, directeur sportif de Cofidis. Donc on essaye de se fixer des objectifs que l’on peut atteindre, comme des victoires d’étapes. »
Sur le Tour d’Espagne, ni le leader de la formation nordiste, l’Allemand Emanuel Buchmann, ni celui d’Intermarché-Wanty, Louis Mentjes, ne viseront donc le Maillot Rouge promis au vainqueur final. Pas de quoi entacher la joie de Pieter Vanspeybrouck, qui assure « avoir plaisir à être avec une équipe outsider ». « J’ai l’impression qu’il faut davantage réfléchir, prendre des risques, s’adapter aux situations pour obtenir un résultat. Quand on réussit un top 5, on doit vraiment se battre pour. »
Le Journal de Saône-et-Loire