Le championnat de France féminin de football veut rester ambitieux, en dépit de la crise du football français

La saison de lancement de la Première Ligue de football touche à sa fin. L’épilogue du championnat de France féminin de football sera acté, vendredi 16 mai, à l’issue de la finale entre le Paris Saint-Germain et l’Olympique lyonnais – au Groupama Stadium, à Décines-Charpieu (Rhône). La Fédération française de football (FFF) et la Ligue féminine du football professionnel (LFFP) en ont néanmoins déjà dressé le bilan, mardi 13 mai, et tracé des perspectives optimistes pour le football professionnel féminin, au lendemain de l’annonce d’une réforme d’envergure de la gouvernance des championnats professionnels masculins, alors que le secteur traverse une crise financière, notamment en raison de la chute des revenus tirés des droits télévisés
Il y a un an, la FFF avait consacré 9 millions d’euros à la création de la LFFP, avec l’objectif de « faire de la France la meilleure ligue européenne de football féminin professionnel ». Si le championnat ne rivalise pas – encore – avec son puissant voisin anglais, la fédération se satisfait de sa « trajectoire de croissance », annonçant des investissements portés à 14 millions d’euros cette saison, dans le cadre de son plan d’engagement sur cinq ans. Par ailleurs, le géant français de la chimie Arkema a prolongé son partenariat de « naming », actif depuis six ans, jusqu’en 2028.
Montée en Première Ligue de « places fortes du football »Ainsi, les affluences ont augmenté de « 50 % en Première Ligue » et doublé en deuxième division, saluent les deux instances, représentées par le président de la FFF, Philippe Diallo, et celui de la LFFP, Jean-Michel Aulas, qui se félicitent également de la visibilité des compétitions – diffusées par Canal+ jusqu’en 2029 ainsi que sur la chaîne YouTube « FFFTV ». La première division est passée d’une affluence moyenne d’un millier de spectateurs à environ 1 500 personnes, avec des pics à plus de 20 000 spectateurs lors de matchs du Paris Saint-Germain.
Mettant en avant un format de compétition attractif – les play-offs –, qui « séduit diffuseurs et médias », les deux instances voient leur optimisme attisé par la montée en première division de clubs tels que Marseille et Lens, « places fortes du football », la saison prochaine.
Et une nouvelle compétition, la Coupe de la Ligue féminine, va voir le jour la saison prochaine. Un tournoi imaginé pour donner la possibilité aux clubs ne disputant pas les compétitions européennes de participer à davantage de rencontres – ceux concernés pas les Coupes d’Europe n’y entreront qu’au stade des quarts de finale. La finale de cette Coupe de la Ligue – prévue le 14 mars 2026 – sera délocalisée à Abidjan (Côte-d’Ivoire), dans le vaste stade Alassane-Ouattara, où la LFFP espère au moins 50 000 spectateurs.
« Trouver son autonomie économique au plus vite »Si les instances se veulent ambitieuses, la grave crise financière que traverse le football professionnel masculin, consécutive à la baisse de près de 20 % des droits de diffusion du cycle 2024-2029, pourrait nuire sérieusement aux clubs féminins – dont nombre dépendent d’une équipe masculine. Lundi, Philippe Diallo estimait que « six ou sept clubs » de Ligue 1 et 2 étaient menacés dans leur pérennité.
En conséquence, Le Havre a confirmé fin avril qu’il cherchait un repreneur à sa section féminine, comme celle de Dijon. Et les clubs de Montpellier, Reims ou Guingamp, tous présents en Première Ligue, envisageraient de suivre la même voie. « Il ne faut pas que le football féminin soit une des victimes des difficultés du football professionnel masculin », a estimé Jean-Michel Aulas. Dans ce contexte, l’expérience lyonnaise, où la section féminine a été vendue à l’investisseuse américaine Michele Kang, également propriétaire du Washington Spirit dans la National Women’s Soccer League américaine ou des London City Lionesses en première division anglaise, est érigée en exemple à suivre par les instances.
« La LFFP doit trouver son autonomie économique le plus rapidement possible », a souligné Philippe Diallo, précisant que son « projet de rupture » de l’organisation du football masculin pourrait également être transposé à la LFFP et qu’une société de clubs pourrait également y voir le jour. Jean-Michel Aulas a assuré travailler sur l’arrivée de nouveaux investisseurs, français et étrangers, dont certains pourraient faire des annonces avant l’été.
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