Le principe de parcimonie

Vous ne croyez peut-être pas à l’âme humaine. Mais un chien mort pèse le même poids qu'un chien vivant, tandis qu'un humain pèse 21 grammes de moins s'il est mort. C'est le poids de l'âme. C’est la conclusion à laquelle sont parvenus les expériences de Duncan MacDougall au début du XXIe siècle. Un système sophistiqué et complexe de balances autour du lit de six personnes mourantes l'a conduit à cette conclusion. Puis vint la preuve canine. L’idée que nous ayons une âme et qu’elle pèse 21 grammes a donné lieu à de nombreuses controverses. Mais comme personne ne pouvait donner une meilleure explication au changement de poids entre un être humain mort et un être vivant, on a appliqué le principe dit de parcimonie, qui n'a rien à voir avec la façon dont défend Ronald Araújo, le seul défenseur central qui défend mieux après le match que pendant le match. Pour en revenir au principe de parcimonie, il nous dit que lorsque deux théories, toutes choses égales par ailleurs, ont les mêmes conséquences, la théorie la plus simple a plus de chances d’être vraie. Il est donc plus facile que ces 21 grammes de différence soient l’âme parce que les autres possibilités sont plus complexes.

Après avoir démontré l'existence de l'âme, la situation actuelle du Barça me semble plus compréhensible. La foi, qui consiste à croire en des choses qui ne peuvent pas être prouvées, a beaucoup à voir avec cette équipe, car Hansi Flick leur a probablement fait croire qu'ils étaient meilleurs qu'ils ne l'étaient jusqu'à ce qu'ils le deviennent. Dans le sport et dans la vie, cela arrive très souvent. Croire vous donne ces centimètres supplémentaires en un seul bond. Personnellement, j'ai plus de mal à croire en moi qu'en Dieu, car aller tirer un penalty en sachant que Dieu vous aime et veille sur vous et que vous êtes l'un des siens doit vous donner une force absolue (surtout si le gardien est athée ou Sommer). Mais cette équipe n’avait pas d’âme et maintenant elle en a une. Et ils pensent qu’ils sont invincibles, et même quand ils perdent, ils le sont.

Hansi Flick leur a fait croire qu'ils étaient meilleurs qu'ils ne l'étaient jusqu'à ce qu'ils le soient.

Travail et foi. Beaucoup des deux. Et un coach avec peu d'ego qui parle anglais pour qu'on puisse le comprendre. Peut-être avions-nous trop de génies, de professeurs, de philosophes, de frères de votre petite amie et d'amis querelleurs, et avions-nous besoin de quelqu'un pour nous rappeler que le football est un sport, un jeu et un mystère. C'est mystérieux qu'ils jouent si bien, qu'ils semblent tous si peu être des stars, et c'est presque banal que les joueurs deviennent leur propre fantasme (Raphinha, Ferran, Eric Garcia...) mais depuis mardi soir je pense à Gerard Martín, ce corps qui sans la tranquillité et la confiance de son entraîneur depuis la finale de la Coupe serait un corps avec 21 grammes de moins.