Meurthe-et-Moselle. « Se baigner en milieu naturel non surveillé, c’est dangereux », alertent les pompiers

Avec la vague de chaleur qui inonde le pays, le pouvoir d’attraction de l’eau est à son zénith. Si la baignade des villes déborde, la baignade des champs, elle aussi, absorbe son lot de maillots en quête de nature et de fraîcheur. Lacs, étangs, rivières, canaux…
À Nancy et son agglomération, les spots sauvages ne manquent pas. Loin de la promiscuité, certes, mais au plus proche de l’insécurité. « Se baigner en milieu naturel non surveillé, c’est dangereux et ce d’autant plus si on y va seul », préviennent les plongeurs Ludovic Poirot et Remy Millet, tous deux chefs d’unité à Nancy-Gentilly.
Centre support pour le département, la caserne abrite (sur le papier) un effectif de 22 pompiers spécialisés dans le secours nautique. Ils sont 40 sur l’ensemble de la Meurthe-et-Moselle. Depuis le début de l’année, les plongeurs nancéiens ont été déclenchés une quinzaine de fois pour un “départ noyade”.
Il n’y a heureusement pas forcément un drame au terme de chaque engagement car il arrive fréquemment que des victimes en difficulté parviennent à s’extraire de l’eau avant l’arrivée des secours. Seule ou avec l’aide de témoins.
Ce n’était pas le cas le 29 mai avec une quadragénaire disparue dans le canal, à Nancy, après avoir plongé pour repêcher une trottinette. Elle sera retrouvée par le fond, en arrêt cardiorespiratoire, réanimée sur la berge puis transportée vers les urgences avec un pronostic vital critique.
« On ne meurt pas forcément directement de noyade. L’eau contaminée qui envahit les poumons est source d’un important risque infectieux qui, par la suite, peut s’avérer fatal », prévient le sergent-chef Millet.
Avec l’été qui débute, le nombre d’interventions « est multiplié par deux en saison estivale », observe un statisticien de Gentilly. Le milieu aquatique, c’est un total de « 60 à 100 inters/an », dont en moyenne une vingtaine de sorties pour “noyade” ces quatre dernières années. Avec un pic à 33 en 2022.
« Si vous êtes témoin d’une noyade en cours et que vous n’êtes pas en bonne condition physique ou en possession de tous vos moyens à l’instant T et encore moins si vous nagez mal ou pire, pas du tout, il ne faut pas s’improviser sauveteur en se mettant à l’eau », observent les deux sous-officiers. « D’autant que la visibilité dans ces milieux chargés de sédiments est nulle. »
Sans parler du risque d’hydrocution provoqué par un choc thermique entre la température de l’air et l’eau. « Crampe, maux de tête jusqu’à la perte de connaissance… »
Plutôt que de vouloir jouer les héros et d’y laisser sa peau, il faut alerter les secours, les guider sur les lieux – « ce sont souvent des endroits difficiles d’accès et dans l’idéal, il faut positionner des gens sur le cheminement afin de nous faire gagner un temps précieux »- et surtout, « ne pas perdre de vue le point d’immersion du noyé en mémorisant un repère fixe sur la berge ». Car si le courant n’entraîne pas la victime, il y a bon espoir de la retrouver à la verticale ou à proximité d’où on l’a vu couler.
Pour épater les copains et vivre le grand frisson, sauter/plonger d’un pont augmente le risque traumatique « car on ne connaît pas la profondeur ni ce qu’il y a au fond de l’eau ». Branchages, épaves de deux-roues, rochers… « Si la veille il n’y avait pas d’obstacle, il est possible que le lendemain il y en ait un avec, par exemple, un chariot à commissions qui aura été balancé. Donc pas de saut ni de plongeon ! »
Les deux pompiers alertent également sur les chutes d’eau où il existe un brassage eau-air. « À ces endroits, c’est 50 % d’eau et 50 % d’air. Le baigneur a donc moins d’appui et peut rapidement s’épuiser. D’une manière générale, en cas de difficulté, il faut éviter de paniquer. On se met sur le dos et on flotte. »
44 % des victimes ont moins de 18 ans et que ce soit en piscine ou en nature pour les irréductibles du sans chlore, « les parents doivent surveiller leurs enfants », insistent les deux plongeurs.
Et quand le barbecue fume sous un soleil de plomb au bord de l’étang de Messein ou ailleurs, « c’est zéro alcool et pas de repas copieux avant de se mettre à l’eau ». « L’été, il faut surveiller la baignade, pas que les grillades ! », relève le sergent-chef Poirot.

Bassin mussipontain - Au lac de Madine, baignade et multiples animations cet été autour de la base de loisirs
Les habitants du bassin mussipontain ne bénéficient pas sur leur territoire d’un site de baignade à proprement dit, celui du Grand Bleu étant interdit à cette activité depuis plusieurs années avec la présence de cyanobactéries. Le lac de Madine, à quelques kilomètres, reste le lieu de référence pour se rafraîchir.Les habitants du bassin mussipontain ne bénéficient pas sur leur territoire de résidence d’un site de baignade à proprement dit, celui du Grand Bleu étant interdit à cette activité depuis plusieurs années avec la présence de cyanobactéries.
Le lac de Madine, à quelques kilomètres, reste le lieu de référence pour se rafraîchir quand on habite le bassin de vie de Pont-à-Mousson. Si l’étendue d’eau est située à cheval sur la Meuse et la Meurthe-et-Moselle, la base de loisirs, et donc les lieux de baignade, ne sont situés que sur la zone 55 (à Nonsard-Lamarche et Heudicourt-sous-les-Côtes), la portion 54 (à Pannes) n’étant pas aménagée pour les touristes ou les usagers d’un jour.
En plus des possibilités de baignade, la base de loisirs propose de nombreuses activités nautiques, terrestres et nature.
Le grand rendez-vous du 9 aoûtSe balader à vélo le long du lac, jouer au golf, faire du windsurf ou du kitesurf, les animations équestres, la plongée, la voile, le pédalo, sont autant d’activités que propose la base de loisirs de la Madine. Et encore, cette liste n’est pas exhaustive !
En parallèle à cela, la direction a concocté une liste d’événements culturels pour animer l’ensemble de l’été 2025. Inédits, des lasers game en sous-bois vont être proposés cet été.
Des concerts gratuits sont programmés chaque week-end, avec notamment un concert hommage aux Beatles, agrémenté d’un feu d’artifice, le 9 août, le premier spectacle pyrotechnique à Madine depuis 2016.

« La baignade est interdite dans le réseau fluvial, les écluses et les barrages »
Céline Le Toux, vous êtes adjointe au responsable de l’unité territoriale qui gère le canal de la Marne au Rhin est à Voies navigables de France (VNF). Pouvez-vous nous rappeler vos missions ?
« Notre rôle est d’abord de veiller à la navigation sur le réseau fluvial. Cela implique l’entretien des infrastructures comme les écluses, les barrages et les berges. Nous travaillons aussi avec les collectivités locales afin de développer l’attractivité fluvestre [les activités touristiques et de loisirs sur et le long des berges]. »
Vous menez actuellement une campagne estivale pour prévenir les risques de noyade, pour quelles raisons ?
« La baignade est interdite dans le réseau fluvial, les écluses et les barrages. Parfois, pour se rafraîchir ou par méconnaissance, les personnes prennent des risques en s’y baignant. Depuis plusieurs années, nous menons une campagne #CoulePasTonEte qui vise à sensibiliser le public aux dangers de la baignade en milieu fluvial.
Cette année, la campagne adopte un nouveau visuel, que nous souhaitons plus percutant. »
Quels dangers encourent ces personnes ?
« Les risques sont nombreux. Il y a les blessures, causées par des pieux, des rocs immergés, et parfois même par le manque de profondeur. La noyade aussi. Peu d’endroits permettent de remonter facilement sur les berges, ce qui peut mener à l’épuisement. En ce moment, c’est aussi la belle saison, le risque de collisions avec un bateau n’est pas à négliger. »
Quels conseils souhaitez-vous apporter ?
« Il est important de se renseigner avant toute baignade. Les offices de tourisme, VNF, peuvent transmettre la liste des lieux autorisés, tout comme l’agence régionale de santé (ARS), qui évalue également la qualité de l’eau.
De plus en plus d’espaces sont conçus pour se rafraîchir en toute sécurité comme les piscines ou les îlots de fraîcheur. Durant l’été, des villes comme Nancy, Toul, ou Vandœuvre-lès-Nancy aménagent des plages, où la baignade est autorisée et surveillée. »
Marion Petit
L'Est Républicain