« Maintenant, il me faut du 2 h 08 ou 2 h 09 » : le Landais Jason Pointeau court vers les sommets du marathon

L’athlète, originaire de Pouillon et professeur d’EPS à Parentis-en-Born, a terminé premier français du Marathon de Paris, le 13 avril. Il compte bien intensifier sa préparation pour, au mois de décembre, briser la barrière des 2 h 10 à Valence
Son nom ne vous dit probablement pas grand-chose. Mais à 36 ans, Jason Pointeau a terminé premier français du Marathon de Paris en 2 h 13 min, le 13 avril 2025. Et à la 15e place du classement général. Ce Landais licencié à l’Entente Bassin Athlétisme, à Gujan-Mestras (Gironde), professeur d’éducation physique et sportive au lycée de Parentis-en-Born, fait aujourd’hui partie des dix meilleurs marathoniens en France.
En 2024, il a terminé les 42,195 kilomètres de Valence en 2 h 10 min 35 s. Cette année, au mois de décembre, il s’apprête à retourner à « la terreta » pour faire un « all in » dans l’espoir de briser cette barrière des 2 h 10 min. « Maintenant, il me faut du 2 h 08 ou 2 h 09. Je préfère abandonner que de finir en 2 h 13. » Une telle performance pourrait – enfin – lui permettre de taper dans l’œil des sponsors. « C’est le moment ou jamais », confie Jason, qui s’apprête à s’investir davantage dans ce projet à partir du mois de septembre.
Le trentenaire s’est mis au marathon il y a un peu plus de deux ans. « C’est une épreuve ingrate. La préparation est longue et si tu te loupes le jour J, tu n’as aucun moyen de te rattraper. » Enfant, il a commencé l’athlétisme à l’âge de 6 ans, du côté de Pouillon. Rapidement, il prend la direction de Dax. « Il n’y avait aucun autre sport qui m’intéressait jusqu’à ce que je découvre le rugby en cadet », se remémore-t-il.
Le poids comme facteur XAu départ, Jason s’oriente vers le sprint : 100, 200 puis 400 mètres. « Le 400 mètres ne me faisait pas rêver. Je ne voyais pas ça comme du sprint. » Son coach de l’époque décèle un potentiel lorsque Jason réalise des temps à l’entraînement qui le classent dans le top 10 Français à son âge. Mais il finit par arrêter l’athlétisme lorsqu’il rentre à la faculté de Bordeaux en Sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps). « J’ai découvert la bringue et le rugby. Ce n’était plus compatible. » Le jeune homme finit par jouer avec le club de Peyrehorade en Fédérale 2.

Amaury Dollez
Il cherche donc à « s’épaissir » et débute la musculation. « Aujourd’hui, c’est un coureur musculeux, à l’inverse de certains athlètes qui sont vraiment des sacs d’os », analyse son frère, Jordan, lui aussi coureur de marathon. Un gabarit qui peut lui porter préjudice. « Le poids, c’est le facteur X de la course à pied. Quand tu commences à activer ce levier, c’est foutu. Il n’y a plus de retour en arrière », reprend Jason. L’envie de perdre des grammes devient alors proportionnelle à celle cde gagner des secondes.
En avançant dans l’âge, l’athlète s’oriente progressivement vers la course sur route, « plus pratique » et « compatible avec une vie de famille ». En 2023, il réalise son premier Marathon à Paris. Il le termine en 2 h 22 min 15 s. « Je me suis pris au jeu du chrono. Je me rends compte que c’est une bonne performance alors que ma préparation était loin de l’être », sourit Jason. En amont de la course, ses proches l’avaient mis en garde face au « mur », autour du 30e kilomètre. « Finalement, j’ai réussi à accélérer après le 35e. J’avais 2 h 20 dans les jambes. »
200 kilomètres par semaineAu fil des marathons, l’athlète peaufine ses préparations. « Je ne pars pas de zéro », rassure-t-il. Pendant douze semaines, il réalise douze à treize sorties par semaine en effectuant plus de 200 kilomètres. « Pour faire un bon chrono, tu ne peux pas te contenter de 80 kilomètres. Il t’en manquera dans les jambes le jour de la course. » Cette préparation, digne des professionnels, Jason Pointeau cherche encore à l’optimiser. Tout comme le poids, l’entraînement en altitude permet de gagner quelques secondes le jour de la course.
« Avant d’aller à Valence, j’ai fait un stage de trois semaines à Font-Romeu. » Une expérience durant laquelle l’athlète découvre la « vie d’élite ». Le programme est simple : se lever, s’entraîner, manger, faire la sieste, s’entraîner et dormir. Cette rigueur dans l’entraînement, le professeur d’EPS essaie également de l’avoir dans l’assiette. Ce qui n’est pas toujours simple. « À l’apéro, je vais refuser une bière et un peu de saucisson. Ma femme, bonne vivante, me dit : ‘’C’est un peu tristounet.’’» La semaine de la course, l’athlète fait également un régime scandinave les trois premiers jours.

Amaury Dollez
Si son objectif de briser cette barrière des 2 h 10 est clair, Jason Pointeau a déjà réfléchi à une autre discipline : les 100 kilomètres sur route. C’est pour cette raison que trois semaines après sa performance de Paris, il a participé au marathon des deux rives. Cette fois-ci, il a fini deuxième, en 2 h 14 min 9 s. « Je voulais voir si mon corps était prêt en faisant deux marathons très proches. » Le trentenaire vise déjà le record de France dans cette discipline.
SudOuest