Julia Simon : la commission de discipline examine ce jeudi le cas de la biathlète, notamment sa participation aux JO d’hiver en Italie

L’hiver 2025-2026 de Julia Simon se joue ce mercredi. La commission de discipline doit examiner le cas de l’une des patronnes du biathlon féminin mondial. Patronne dont le statut a vacillé, lors de son procès fin octobre devant le tribunal correctionnel d’Albertville.
A l’issue d’un improbable twist judiciaire, qui a vu la skieuse des Saisies avouer à la barre les faits reprochés - et niés jusqu’alors - Julia Simon a été reconnue coupable d’avoir utilisé à plusieurs reprises à partir de 2021 les cartes bancaires de sa coéquipière Justine Braisaz-Bouchet et d’une kiné du staff tricolore, pour des achats d’un montant maximum de 2 400 euros, et de leur avoir dérobé de petites sommes d’argent (entre 20 et 50 euros). Elle a été condamnée à trois mois de prison avec sursis et 15 000 euros d’amende pour vol et fraude à la carte bancaire.
Pour l’heure, s’est joué l’extra-sportif. Ce mercredi, il est question du versant professionnel. Autrement dit de son avenir proche en tant que biathlète de haut niveau au sein de l’Equipe de France. Les enjeux sont lourds. La Savoyarde, la plus titrée de l’histoire des championnats du monde (10 couronnes, dont quatre en individuel), possède le plus gros palmarès du biathlon féminin tricolore. Elle n’a que 29 ans, est en pleine forme physique. Or en cas de suspension de longue durée, elle pourrait être privée d’olympiades italiennes, et voir les seuls trophées qui manquent encore à son palmarès vertigineux lui échapper.
La commission de discipline qui se penche sur le dossier est composée de six membres indépendants, doit donc convenir d’une sanction. En théorie, il est stipulé que la commission dispose d’un délai de dix semaines «à compter de l’engagement des poursuites disciplinaires» pour se prononcer.
Compte tenu du statut de cadre de l’Equipe de France de Julia Simon, et de l’horizon des JO de Milan-Cortina d’Ampezzo, la décision sera rendue dans «les jours qui suivent», selon la FFS. A priori quelques jours avant le dernier stage préparatoire des Bleues prévu à partir du 10 novembre à Bessans, moins de trois semaines avant le début de la saison de Coupe du monde. En cas d’appel interjeté par l’athlète, celui-ci n’est pas suspensif «sauf décision motivée de l’organe disciplinaire de première instance».
Selon les textes du règlement disciplinaire de la FFS qui font foi, il existe un arsenal de 15 sanctions. Elles vont de l’avertissement pour la plus clémente, à la radiation dans le cas le plus grave. Sachant que, selon le même règlement, «une ou plusieurs sanctions peuvent être choisies parmi les sanctions énumérées […] dans le respect du principe de proportionnalité». Et que ces sanctions sont prononcées «en considération de la gravité des faits et du comportement de leur auteur».
Vu l’écho médiatique suscité par l’affaire, la décision de la commission de discipline de la FFS sera très observée. Il paraît peu probable que Julia Simon, qui a longtemps soutenu une autre version des faits, puisse s’en sortir sans une sanction, quelle qu’elle soit. D’autant que les faits reprochés ont causé du tort à Justine Braisaz-Bouchet, autre cadre et fer de lance de l’équipe de France.
Jusqu’ici, et depuis l’éclatement de l’affaire en 2023, les deux skieuses ont su rester pros lors des échéances internationales. Malgré les tensions connues de tous, elles ont à plusieurs reprises été alignées ensemble lors des relais féminins. Or aujourd’hui, le cas de Braisaz-Bouchet, reconnue victime, entre aussi en compte. La commission doit évaluer à quel point les actes de Julia Simon lui ont porté préjudice, en tant que licenciée de la fédération. Il s’agit également pour ses membres indépendants d’inclure la FFS elle-même, dont l’image a été écornée.
Assailli de questions dès sa sortie du tribunal, le président de la FFS, Fabien Saguez, a éludé celle concernant l’avenir olympique de Julia Simon, se contentant «évidemment l’un des événements majeurs tous les quatre ans […] et on va faire en sorte que tout le monde puisse s’exprimer de la meilleure des manières pendant cette période-là».
Dans le meilleur des scénarios, celui qui verrait Julia Simon s’en tirer avec un simple avertissement voire un blâme, les ennuis de la skieuse ne seront peut-être pas finis pour autant. L’IBU, la Fédération internationale de biathlon, peut également décider d’activer une procédure disciplinaire en fonction de la ou des sanctions prononcées par la FFS. Conformément au Code d’intégrité de l’IBU, ces sanctions vont également du simple avertissement à la suspension. En attendant de connaître son sort, la biathlète peaufine ses gammes chez elle, à Villard-sur-Doron, dans le massif du Beaufortain. Une préparation vaine ?
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