Coupe du monde féminine de rugby : gare au retard à l’allumage pour les Bleues

Le XV de France féminin lance ce samedi son Mondial face à l’Italie. Après huit revers en demi-finale en neuf éditions, les Tricolores veulent briser leur plafond de verre lors de cette édition.
L’aventure ne fait que commencer. Le XV de France féminin entame ce samedi, en prime time sur TF1 (21h15), sa Coupe du monde face à l’Italie, l’adversaire le plus relevée de sa poule qui comprend aussi le Brésil, novice, et l’Afrique du Sud, bien moins terrifiante que les Springboks doubles champions du monde en titre. Une entrée en matière qu’il ne faudra pas manquer.
Les Bleues restent sur quatre victoires de rang face aux Italiennes, notamment en quarts de finale de l’édition 2022 (39-3), le dernier revers français ayant eu lieu un mois auparavant à Padoue (26-19) en match de préparation. «Notre position aujourd’hui est plutôt outsider de cette Coupe du monde, mais je crois que l’objectif pour nous, clairement, c’est de tout mettre en œuvre pour se permettre d’aller jusqu’au bout de cette compétition», avait expliqué au début de l’été Gaëlle Mignot, la co-sélectionneuse du XV de France.
Passer la publicitéParfois, ça fait du bien de se prendre une claque dans la tête juste avant une grosse compétition
Manae Feleu, co-capitaine du XV de France
Problème, la préparation ne s’est pas déroulée comme prévu avec un lourd revers concédé en match de préparation, à Mont-de-Marsan, face aux redoutables Anglaises (6-40). Une grosse gifle avant de débuter le Mondial et une 16e défaite de rang depuis 2018 face aux Red Roses, favorites de la compétition. «Parfois, ça fait du bien de se prendre une claque dans la tête juste avant une grosse compétition. Elle nous permettra sans doute de rentrer directement dans cette Coupe du monde. Parler d’impuissance, c’est quand même un grand mot», a voulu positiver la co-capitaine tricolore Manae Feleu.
Reste que, depuis la dernière Coupe du monde en Nouvelle-Zélande, et cette défaite d’un rien en demi-finale face aux Black Ferns futures championnes, l’équipe de France donne l’impression de stagner. En Europe, elle reste derrière les quasi intouchables Anglaises. Et, à l’automne denier, les Bleues ont déçu lors du tournoi Women XV en s’inclinant lourdement face à la Nouvelle-Zélande (39-14) et au Canada (46-24). Dans la foulée, lors du dernier Tournoi, la courte défaite face aux Anglaises (43-42) a des allures de trompe-l’œil tant les coéquipières de Pauline Bourdon Sansus (suspendue samedi pour le match d’ouverture) avaient été rapidement menées 31-7 avant de se révolter.
Pas besoin d’être un fin connaisseur de rugby pour voir que ce qui nous pose problème aujourd’hui, c’est clairement l’attaque
Joanna Grisez, ailière du XV de France
Après le lourd revers estival face à l’Angleterre, l’ailière Joanna Grisez n’avait pas mâché ses mots auprès de Midi Olympique : «Nous avons besoin de revoir notre façon d’attaquer. Pas besoin d’être un fin connaisseur de rugby pour voir que ce qui nous pose problème aujourd’hui, c’est clairement l’attaque. On manque d’efficacité, on manque de savoir jouer aux bons endroits. Pour l’instant, c’est brouillon, on perd trop vite nos ballons. On n’a pas montré grand-chose, c’est même faible. On a juste besoin de jouer au ballon, de réussir à le tenir, d’aller jouer dans les bons espaces et ça sera déjà un bon début.» Et Gaëlle Mignot d’ajouter : «Je crois qu’on est tous conscients que ce qu’on a fait contre l’Angleterre ne reflète pas du tout la préparation qu’il y a eue, ni le travail de ces dernières années. Il faut qu’on arrive à se lâcher, pour montrer, comme le disent les filles, notre vrai visage.»
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Les Tricolores doivent se remettre la tête à l’endroit. Pour ne pas compliquer leur parcours et craindre de croiser les Néo-Zélandaises dès les quarts de finale. «Ce qu’on voit, c’est l’opportunité de continuer à grandir et l’enchaînement de ces matchs doit nous permettre de monter en puissance pour ensuite, évidemment, viser notre objectif final», avance le co-sélectionneur, David Ortiz. Pour enfin accéder à la finale d’un Mondial. En neuf éditions, les Françaises ont échoué huit fois en demi-finale (et en quart de finale en 2010). Un plafond de verre à briser. «Quand tu participes à une Coupe du monde, tu ne sais pas si tu en auras une autre dans ta vie. On peut accompagner les joueuses qui découvrent la compétition juste en parlant de notre expérience de la dernière, confie Manae Feleu. Je sais que moi, la chose la plus importante que j’aurais à leur dire, c’est de vivre chaque moment à fond.»
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