Basket: Djordje Andrijasevic, l’ancien entraîneur d'Antibes, est à mort à l’âge de 94 ans

La mort d'un seigneur. L'entraîneur serbe Djordje Andrijasevic est mort jeudi à 94 ans. Il fut, de 1977 à 1986, l’entraîneur de l’Olympique d’Antibes, emmenant l’OAJLP sur les sommets européens (deux demi-finales de Coupe Korac en 1984 et 1986) et passant deux fois à un souffle du titre de champion de France: volé par Limoges en 1983 (deux lancers-francs annulés à Pierre Bressant à 23 secondes de la fin, on n’a jamais su pourquoi) et décimé par les fautes en 1984 lors de l’inauguration de Bercy face au Stade Français.
Andrijasevic, celui que tout le monde appelait "Georges" à Antibes, avait notamment porté les couleurs de l’Étoile Rouge Belgrade et fut international yougoslave. Il était arrivé à Vichy en 1962 pour terminer sa carrière, tout en entraînant le club auvergnat (finaliste de la Coupe des Coupes).
Andrijasevic entraîna ensuite Caen (à deux reprises) et surtout Antibes donc, pendant 9 riches années, avec une brève coupure au milieu. Cette demi-finale de Korac 1984 face à l’Elan Béarnais est restée dans les mémoires,. Le club du président Seillant (Orthez) face à celui du président Elleboode (Antibes). Un match aller dans la mythique Moutète d’Orthez. 75-68 pour Orthez, malgré les 32 points pour l’OAJLP d’un Bob Morse royal.
Le retour à Salusse-Santoni: un mercredi dans le petit chaudron antibois : Bob Morse (encore 31 points), Harold Johnson, Claude Cavallo, Daniel Haquet, Olivier Ruiz, Serge Provillard donnent tout... Mais Antibes ne gagne que de 2 points (71-69). L’Elan est en finale. L’équipe du coach George Fisher (Bisséni, Kaba, Hufnagel...) remportera sa 1ère Coupe Korac quelques semaines plus tard.
L’Olympique de Djordje Andrijasevic (Bressant, Larrouquis, Bunting, Cissokho, Haquet, Bruce King, Mike Harper) réalisa une autre grande épopée européenne deux ans plus tard, encore en demi-finale de Korac, seulement batttue par le géant italien Banco di Roma, futur vainqueur du trophée.
"Il m’a beaucoup marqué""Georges m’a beaucoup marqué, il m’a façonné", témoigne l’ancien meneur antibois Serge Provillard. "C’était un coach de l’école yougoslave, perfectionniste à l’extrême. Avec lui, il valait mieux aller au bout des systèmes et avoir les bras bien tendus sur les passes!".
"Il avait son caractère bien trempé et de l’humour à la fois. Je me souviens qu’il avait voulu changer le shoot de Jacques Cachemire à la fin de sa carrière. Jacques, l'un des meilleurs scoreurs en Europe, avait trouvé ça un peu étrange, mais c’était Georges, toujours à l’affût du moindre détail. Le jour où il fit venir Bob Morse (grande star de Varese), il me passa juste un coup de fil: rejoins-moi à la plage. Et en arrivant:"Serge, j’ai quelqu’un à te présenter". Morse était là, moi estomaqué, et Georges content de son effet".
"Georges était un monsieur très cultivé, titulaire d'un doctorat de science politique et économique, très intelligent", rapporte Thierry Tricou, le kiné historique de l’Olympique.
"Je fus très triste pour lui (en 1983) lors du coup des arbitres et du délégué à Limoges. Nous avions écrit un « J’accuse » à la Zola dans L’Equipe, resté sans réponse. Comme par hasard, Limoges avait perdu la cassette du match. Georges aurait vraiment mérité ce titre de champion".
Nice Matin